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L’apprentissage du solfège ou comment favoriser l’imaginaire

Par Isabelle Nerin • 19 janvier 2022

Apprendre une gamme, des notes, des rythmes, cela peut être rapidement rébarbatif. Des initiatives ont fait leurs preuves et font appel à l’imaginaire pour retenir autrement ce qui pourrait être difficile à mémoriser.

Participation et interactivité : un duo gagnant chez les enfants

 

Mettre le corps au centre des apprentissages et en comprendre son ressenti par le mouvement, permet une meilleure mémorisation de la musique, plus spécifiquement du solfège. C’est en cela que la pédagogie Jacques Dalcroze, compositeur Suisse, a commencé à voir le jour, permettant ainsi de favoriser l’enseignement par le corps et le mouvement. Le corps est alors au centre de l’apprentissage de la musique et permet de développer son instinct avant même de réfléchir. Partant de ce postulat, et spécifiquement pour apprendre le solfège aux enfants, dont il est difficile de capter parfois l’attention, nous pouvons très bien proposer de dessiner une maison de cinq étages où vivent des personnages ludiques à l’image des notes, des altérations ou encore des silences. Cela reste plus instinctif pour l’enfant que l’analyse d’une portée noire de signes dont il ne comprend pas toujours la finalité. Faire appel à l’instinct des premières années de l’enfance ouvre alors le champ des possibles. L’on peut effectivement visualiser ces personnages qui évoluent à la demande de leurs parents, la « clé de sol » et la « clé de fa », qui ainsi, d’un coup de baguette magique peuvent leur faire vivre des rôles à des rythmes différents ou encore devenir une autre note, pour un nouveau son. La notion de rythmique prendra alors un tout autre sens, qui associé à des mouvements du corps, permettront à l’enfant de comprendre, de jouer, et donc d’instinctivement mémoriser. Cela devient une histoire à raconter, inscrite en chacun de nous, une sorte de conte musical dont la mémoire active offre la possibilité à l’enfant de retenir les formes, le rythme, le nom des notes, sans avoir à se forcer mais tout simplement à vivre l’histoire comme un jeu. Une nouvelle méthode de solfège créative reliée à l’imaginaire et à l’émotion. Le solfège devient alors un art créatif et récréatif qui ouvre à l’apprenant le monde de la musique autrement, la vivre et non pas seulement la lire. Des pédagogies alternatives qui commencent à faire leurs preuves.

 

L’apprentissage du solfège chez les étudiants 

 

Pour les étudiants, l’approche est un peu différente même si elle reste toujours sur une autre façon d’envisager le solfège. L’essentiel est bien de développer une oreille musicale qui facilite grandement l’apprentissage du solfège. La fameuse dictée de notes à l’écoute, tant prisée des conservatoires et ô combien nécessaire au développement de l’oreille musicale, peut être alors vécue non plus comme un supplice mais plutôt comme une expérience musicale collective qui s’appuierait sur l’instrument et non plus vécu comme un objectif de réussite de ses années d’apprentissage du solfège. Le chant parait également un outil majeur pour comprendre les sons et les nuances du solfège et permet aux étudiants la pratique de sa « propre écoute », dès lors, l’ajustement et le développement d’une meilleure oreille musicale. 

Il ne s’agit pas d’opposer l’apprentissage traditionnel du solfège dans les conservatoires à des méthodes plus interactives et participatives de cet apprentissage, mais bien de pouvoir envisager une dynamique qui s’inspire du vécu, du sensible, de l’expérience, et amène progressivement aux notions théoriques. En cela, les approches parallèles de l’apprentissage du solfège ouvrent un champ des possibles plus grand pour apprendre les techniques musicales. Vivre une approche du solfège autrement, comme faisant partie entière d’un art, la musique. Un art qui se vit et non pas seulement une leçon à retenir.  L’élève devient acteur de ses apprentissages, une dynamique plus positive se met alors en place et permet une démarche collective motivante à tous les âges.