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Le silence et le bruit

Par Claire Alcais • 26 juin 2021

Dans notre monde contemporain vacarme, tumulte et bruit représentent un authentique fléau que les enfants subissent au quotidien. Souvent dévalorisé dans nos sociétés occidentales le silence possède cependant de nombreuses vertus ; il est essentiel pour se ressourcer et permet aux enfants de s’apaiser tout en retrouvant leur concentration.

Le bruit : nuisances sonores

Un bruit se définit comme un mélange complexe de sons produisant une sensation auditive considérée comme gênante ou dangereuse. Un son devient dangereux pour l’oreille humaine au-delà de 85 décibels (dB), les niveaux sonores élevés détruisent en effet les cellules ciliées et altèrent les fibres auditives, ce qui entraîne fréquemment des acouphènes qui peuvent devenir chroniques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a placé la pollution sonore au deuxième rang des facteurs de risques environnementaux. Et 1,1 milliard d’adolescents et de jeunes adultes seraient menacés de surdité précoce à cause de leur surexposition quotidienne aux bruits.

Il a été démontré par des chercheurs qu’un bruit de fond permanent, induit par exemple par la télévision, le brouhaha des conversations ou encore le trafic routier, rend impossible l’apprentissage de nouveaux mots chez les tout-petits. La recommandation de l’OMS dans les écoles, est de ne pas dépasser 35 dB en bruit de fond pendant la classe afin de ne pas perturber les capacités cognitives des élèves. L’impact du bruit sur la santé des enfants quant à leurs performances, leur concentration et leur bien-être s’avère nocif ; le bruit est par ailleurs l’ennemi du sommeil dont il modifie les cycles et des études montrent que l’exposition aux bruits est source de stress et affaiblit le système immunitaire. Alors, chut…

Le silence : une valeur musicale

En tant que valeur musicale, le silence est primordial et correspond à une pause dans l’exécution du morceau, un moment où n’est émis aucun son. A l’origine de la parole il y a un silence et à l’origine de toute musique préexiste aussi un silence. L’enfant peut garder le silence ou bien écouter en silence, comme on le lui recommande si souvent, mais ce qui est intéressant est de lui apprendre à écouter « le » silence, même si le silence absolu n’existe pas sur terre. On entend toujours son propre corps et sa propre respiration, même enfermé dans une pièce privée de son (chambre anéchoïque). Voici un exemple de ce qu’il est possible de proposer aux plus petits :

Et aux adolescents :

Vertus du silence

Dans certaines cultures, notamment au Japon, on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge à rester certains moments silencieux. Le silence est un allié, qui permet de se retrouver le calme et d’envisager les choses avec acuité et concentration. Il est donc important d’offrir et de provoquer des moments de silence avec les enfants pour qu’ils puissent être à l’écoute de leur respiration, se détendre et s’apaiser. Pour commencer l’on peut tout d’abord réduire le bruit ambiant, apprendre aux enfants à chuchoter au lieu de crier, puis prendre le temps de leur faire apprécier une véritable pause sonore. Un moment de paix auditive qui permet d’autre part de calmer leur agitation corporelle ; car savent-ils vraiment ce que signifie se mettre à l’écoute du silence ? En effet, la plupart ne connaissent du silence que l’injonction traditionnelle : « Silence ! Taisez-vous ! » des professeurs et de leurs parents.

Autre exemple dans les rites initiatiques des traditions premières, où l’on estime que ce n’est pas au milieu du groupe que l’enfant prendra conscience de sa vie en toute lucidité, et donc que la mise à l’écart est parfois bénéfique. Le silence n’est pas un blanc, il permet à l’enfant de réfléchir, en marge des temps de parole ; c’est une zone d’apprentissage qui laisse la place à la résonance de soi dans le monde environnant. Un espace indispensable et formateur où l’enfant et l’adolescent peuvent enrichir et développer leurs propres pensées. De nombreux courants philosophiques célèbrent le silence car, comme l’écrit dans « La vie intérieure » Christophe André, « l’essentiel ne fait pas de bruit ».