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Le SoundPainting, un langage musical au service de la créativité

Par Thomas Fabre • 17 novembre 2021

Encore peu connu du grand public, le Soundpainting connait pourtant un succès grandissant et s’enseigne aujourd’hui aussi bien à l’école primaire qu’au Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMP) de Paris. Les raisons de ce succès ne sont pas mystérieuses : sous des dehors ludiques, la discipline popularisée par l’américain Walter Thompson est parée de multiples vertus pédagogiques !

Le principe du Soundpainting

Le compositeur et musicien de jazz Walter Thompson a d’abord développé le Soundpainting pour répondre à un besoin personnel : il souhaitait pouvoir coordonner de manière efficace les improvisations de ses musiciens en concert. C’est ainsi qu’il a imaginé ce langage de signes : au départ rudimentaire (qui fait quoi, quand et comment ?), le Soundpainting est aujourd’hui une véritable syntaxe comportant près de 1500 gestes. 

Pendant une performance, le soundpainter utilise les réponses des exécutants à ses (con)signes pour donner forme à sa composition. Il s’agit donc d’une composition en temps réel, qui résulte de l’interaction entre les improvisations des performers et celle du soundpainter.

 

Un langage universel et multidisciplinaire

On le devine sans peine : le procédé n’est pas limité à un style de musique, et déborde d’ailleurs largement les frontières de la musique. Universel et multidisciplinaire, le Soundpainting ouvre la porte à d’innombrables aventures de création collective pour les musiciens, les comédiens, les danseurs, en réalité pour tous ceux qui le souhaitent ! Aucune connaissance préalable (notamment de l’improvisation) n’est indispensable : en fonction du contexte, des participants et des objectifs recherchés, les éléments à exécuter, c’est-à-dire les matériaux sonores et visuels utilisés (la « palette » du peintre sonore) peuvent être plus ou moins libres et ouverts ; ils seront soit préparés à l’avance soit improvisés, voire totalement inattendus. 

La démarche est donc accessible aux étudiants de tout âge, de tout niveau technique et de toute discipline artistique, les invitant à engager de manière ludique un processus de créativité. Le rôle de meneur (de « soundpainter ») comme celui d’interprète ou d’acteur (les deux pouvant être alternés à volonté) permettent à chacun de s’exprimer, mais aussi de mieux se comprendre soi-même, de mieux appréhender le groupe et, au-delà, le monde qui nous entoure. 

 

Des enjeux pédagogiques variés

Ce n’est donc pas un hasard si l’intérêt porté au Soundpainting s’attache beaucoup à sa dimension pédagogique. De manière évidente, l’usage ludique du langage crée une situation d’exploration et d’expérimentation qui favorise la participation active de chaque élève – on peut alors véritablement parler d’engagement. Il encourage sa créativité, développe ses capacités d’écoute, d’attention et de mémorisation, tout en renforçant son aisance au sein du groupe : autant de compétences facilement réutilisables en dehors du cadre de la pratique musicale ou artistique. 

Les vertus de cet « apprentissage collaboratif » sont telles que le Sounpainting est aujourd’hui de plus en plus souvent utilisé à des fins d’éducation spécialisée, pour améliorer par exemple la motivation ou les capacités d’attention, la socialisation ou l’estime de soi d’enfants en difficulté.