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Les comptines

Par Claire Alcais • 28 octobre 2021

Sources de plaisir partagé, les comptines sont ces petites chansons rythmées ainsi nommées quand elles s’adressent aux bébés ou aux enfants en bas âge. Leur format et leur variété semblent correspondre aux besoins de l’enfant tant sur le plan affectif que relationnel.

L’apprentissage à travers les comptines

Les comptines, en faisant vivre l’enfant à travers la triple relation entre rythme, gestes et sons implique un contact corporel (main, doigts, balancement) dans un cadre musical et sensoriel rassurant. Les émotions infantiles engendrées par les comptines servent aussi de support à la découverte du langage, grâce au rythme ; ces succinctes chansonnettes suscitent la motivation des tout-petits en combinant motricité, écoute, imitation et répétition, par exemple en faisant la ronde.

En effet, avec leurs refrains que l’on entonne et leur structure courte et rythmique, les comptines jouent un rôle pédagogique essentiel dans le processus de transmission. Les comptines sont aussi évolutives selon l’âge, que l’on s’adresse à un bébé ou à un enfant de trois ans par exemple. D’un point de vue anthropologique, la présence de comptines dans la plupart des cultures humaines atteste de leur valeur quasi universelle ; elles permettraient ainsi de faire passer des données primordiales entre générations pour l’apprentissage et la socialisation.

Jeux musicaux et gestuelle

Ces formules chantées depuis des siècles relèvent d’une littérature orale où le tout petit entre en interaction avec l’adulte par le jeu, comme par exemple les comptines avec jeux de doigts. Ces pratiques sensibles développent des capacités d’écoute, de concentration et favorisent également l’adhésion et la participation active à un jeu musical collectif.

Citons l’exemple des mésanges bleues : 5 mésanges bleues sur une branchette, (main ouverte) une se casse la patte, y’en a plus que……4 (on replie l’auriculaire) 4 mésanges bleues sur une branchette, une s’envolera, y’en a plus que …………3 (on replie l’annulaire etc…)

La voix est l’instrument principal à laquelle se joignent des gestes sensés mimer le rythme et le scander ; ceux-ci impliquent chez l’enfant l’acquisition de compétences transversales telles que la latéralisation et la précision, tout en mettant l’accent sur la connaissance de son propre corps. Jouer à répéter une courte formule telle que : « À la salade/Je suis malade/Au céleri/Je suis guéri » permet aux plus petits d’appréhender à travers les mots et les sons une autre façon de verbaliser, plus poétique, fantaisiste et drôle.

Exploration des textes de comptines

Les comptines aident d’autre part les jeunes enfants à dépasser leurs difficultés de production orale ; l’exemple le plus caractéristique en est : Am stram gram /Pic et pic et colégram /Bour et bour et ratatam/ am stram gram /pique dame. La répétition ludique de ces sons et consonnes favorise une bonne articulation ainsi qu’une fluidité de la prononciation. Ces jeux sur les sonorités à découpage rythmique apprennent la segmentation linguistique et permettent à l’enfant de repérer des phonèmes ou des syllabes identiques.

L’invention et l’imagination associées à ces comptines développent la créativité de l’enfant tout en lui faisant acquérir des compétences linguistiques. S’approprier des sons, les répéter, les détourner constitue pour l’enfant un authentique plaisir verbal dont la structure rythmique et les intonations ajoutent à une compréhension du langage et des textes, aussi farfelus soient-ils.
L’étymologie du mot comptine étant issue du latin computare, la comptine représente également un ensemble de textes destiné aux apprentissages numériques, comme le montre celle qui s’intitule 1, 2, 3 nous irons au bois.

En outre, au niveau cognitif, la variété et l’étendue des textes des comptines contribue à faciliter l’apprentissage des bases de la lecture et de l’écriture. La comptine initie par ailleurs l’enfant à se familiariser à la narration sous forme de récit chanté et mimé, avec un début et une fin.