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« Musicien intervenant » : avez-vous le vôtre ?

Par Thomas Fabre • 23 juin 2021

Aujourd’hui, l'Éducation nationale comme le ministère de la Culture, encouragés par les scientifiques et les pédagogues, reconnaissent l’importance du rôle de la musique à l'école, et dans l’éducation des enfants d’une manière générale. Pourtant, là où elle n’est pas obligatoire (notamment à l’école primaire), sa pratique peine à se répandre, et l’idéal à devenir réalité. Les musiciens intervenants pourraient être la solution...

Le chainon manquant de l’évolution

Véritable courroie de transmission, le musicien intervenant est celui qui fait le lien entre la musique, les enfants, les enseignants et les institutions. Bien sûr, il faut entendre l’expression « chainon manquant » dans son sens scientifique, de transition manquante en vue d’une évolution de la politique éducative. Car il existe, bel et bien, ce chainon : mais là où il n’est pas présent, c’est que les acteurs de la culture et de l’éducation n’ont pas fait appel à lui. Pourquoi donc ? Le plus souvent, simplement parce que leur rôle et leur existence même sont trop peu connus. Quel dommage ! Il y a là de toute évidence un manque à combler.
Mais qui sont les « dumistes » ?

S’ils ont des profils et des parcours extrêmement variés, les musiciens intervenants ont en commun des compétences et un rôle bien définis depuis qu’a été créé dans les années 80 le Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (DUMI). La certification professionnelle (Bac+3) est délivrée au terme d’une formation complète et rigoureuse de deux à trois ans dans l’un des Centres de formation des musiciens intervenants (CFMI).

Dans les textes, l’émergence de cette nouvelle profession devait « favoriser l’éducation musicale dans le primaire » : pourtant, à ce jour, ce n’est pas là qu’ils sont le plus présents. Parce qu’il n’y a pas de dispositif uniforme d’enseignement musical à l’école, et donc pas d’obligation d’engager un musicien intervenant, ils exercent leur mission partout où l’on a besoin de la pédagogie de groupe. Auprès des collectivités locales, des associations, des conservatoires, mais aussi pour accompagner des publics spécialisés (handicap, petite enfance ou personnes âgées)…

Artistes et pédagogues

Car si les enseignants (dans les écoles par exemple) ne sont pas nécessairement musiciens, et les artistes (dans les conservatoires par exemple) rarement formés à la pédagogie collective, les musiciens intervenants sont les spécialistes de cette polyvalence. Elle est au cœur de leur métier.
De leur formation et de leurs compétences tout d’abord : il sont bien sûr musiciens – il faut pouvoir chanter et pratiquer au moins un instrument d’accompagnement, mais aussi pédagogues, communicants, et doivent être capables de s’adapter à des projets variés, à des publics divers et à différents styles de musique. Au cœur de leur profession également : car ils ont souvent plusieurs employeurs (école, conservatoire, association, collectivité locale…) et jouent d’ailleurs entre ces différents acteurs un rôle important d’intermédiaires.

Une politique culturelle fondée sur le partenariat

En pratique, l’objectif de créer un lien permanent entre la culture et l’enseignement repose sur la multiplication des partenariats locaux entre les établissements scolaires, les collectivités locales et les associations.

Le cas des musiciens intervenants apparaît comme l’illustration d’une telle médiation, qui a réussi au fil du temps à faire reconnaître à tous ses nombreux bénéfices (y compris sur les apprentissages fondamentaux et le « vivre-ensemble »).

Ainsi, l’espoir est là, mais il reste fragile – la précarité est du reste un mot qui revient très souvent lorsque les musiciens intervenants témoignent de leur métier. Et l’engagement en faveur de l’éducation musicale à l’école, qui s’exprime à l’occasion d’initiatives ponctuelles (on pense à la Rentrée en musique ou aux Temps d’Activités Périscolaires) demande à être pérennisé.

Tous les maillons de la chaîne sont là, mais à qui revient la responsabilité de les assembler ? C’est la difficulté à laquelle sont confrontées les politiques culturelles dans un contexte de décentralisation. Et l’appel de cette communauté de communes de Savoie, à la recherche d’un intervenant en musique, montre à quel point les acteurs de la programmation culturelle ont parfois du mal à s’y repérer :